Les incontournables

Grâce à ce modeste article, je vous propose un petit tour des oeuvres que je juge comme indispensables, des travaux qui, je crois, méritent d'être découverts. Bien évidemment, cette liste ne sera pas exhaustive, je ne vais me limiter qu'à cinq titres par catégorie. Cela ne signifie pas que toutes les oeuvres absentes ne méritent pas d'être partagées, mais il faut bien faire un choix, au détriment des autres. En de très rares occasions, il est possible que cette liste soit susceptible de changer.


Cinéma



5) Edward aux Mains D'argent
Réalisé par Tim Burton

Le chef-d'oeuvre de Tim Burton, le film qui déploie avec justesse toutes les obsessions thématiques et esthétiques de son auteur. Une fable contemporaine, aussi cruelle que les contes classiques, qui n'hésite pas à pointer du doigt les travers de l'Homme et de la société qu'il s'évertue à construire. Le film est sublimé par les compositions intouchables de Danny Elfman, qui signe ici son travail le plus abouti et donne vie à des scènes désormais cultes, comme la séquence de la danse sous la glace, l'une des plus belles jamais vues sur un écran de cinéma.



4) Donnie Darko
Réalisé par Richard Kelly

Richard Kelly déploie un film univers insondable. Premier long-métrage d'un réalisateur hanté par ses propres fantômes, Donnie Darko est un film indescriptible, qui dégage une atmosphère unique, sorte de croisement improbable entre David Lynch et Philip K. Dick. D'une audace et d'une franchise insolentes, le film n'hésite pas à croiser les questionnements d'une adolescence qui se cherche à des thèmes totalement autres, tels que le voya ge dans le temps, la physique quantique et la comédie pure. Enveloppé dans une ambiance onirique tout du long, Donnie Darko peine à se définir, multipliant les pistes scénaristiques et les personnages, sans jamais négliger sa portée émotionnelle, qui va crescendo au fur et à mesure que les minutes défilent. Mais malgré l'incompréhension qui habite le métrage, l'expérience reste hypnotique et viscérale, tandis qu'à force d'implication, les barrières symboliques et conceptuelles qui émaillent le métrage finissent par voler en éclats. Une prouesse.



3) Cloud Atlas
Réalisé par les Wachowski et Tom Tykwer

Un film qui transcende son matériau de base, à savoir un roman de David Mitchell, et profite des possibilités offertes par ce nouveau média avec brio. Les nombreuses références entre les différents segments du film apporte un ludisme et une profondeur au métrage, lui-même entièrement soutenu par un montage ingénieux et novateur. La direction artistique est maîtrisée de bout en bout, bien qu'elle culmine dans les segments orientés science-fiction. En effet, le film est divisé en six histoires qui se mêlent et s'entremêlent, afin de tisser une remarquable fresque affranchie des limites du temps et de l'espace. Supporté par une bande-son somptueuse, Cloud Atlas est un film rare, un diamant du cinéma contemporain.

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2) The Lovers
Réalisé par Tsui Hark

Le chef d'oeuvre de Tsui Hark. The Lovers est une énième adaptation de la célèbre légende chinoise des amants papillons, ici transcendé par la maestria et la sensibilité de son réalisateur. Le film mélange habilement les thématiques issues de la fable originale, à d'autres approches plus modernes, sans oublier de dévoiler une esthétique renversante. Folklore, amour et comédie forment une diversité de tons qui ne cesseront de s'alterner à la perfection, jusqu'à un final incontournable, d'une puissance infernale. Enfin, le compositeur James Wong adapte un célèbre opéra de 1958, basé sur la légende des amants papillons, et signe ici une bande son envoûtante, d'une beauté incroyable. The Lovers est un incontournable du cinéma hongkongais.



1) Le Seigneur des Anneaux: Le Retour du Roi
Réalisé par Peter Jackson

La trilogie de Peter Jackson est incontournable. Trois films pensés pour donner vie à un univers riche, des personnages développés et une intrigue épique. De la magnificence des décors naturels, à la précision des costumes et accessoires, sans compter par les décors artificiels somptueux, toute la direction artistique est à tomber par terre. Ajoutons à tout ça un enrobage musical qui frôle la perfection et emprunte diverses tonalités afin de coller au mieux au différentes ambiances, et nous obtenons la saga cinématographique la plus belle jamais vue sur un écran. Le fond n'est pas en reste, grâce à un scénario d'une efficacité improbable, aux ramifications passionnantes, le tout soutenu par un rythme incroyable. Le Retour du Roi, dernier opus de la trilogie, propose des scènes anthologiques, servies par des batailles dont la démence visuelle et dramatique restent à ce jour inégalées. L'essence même du cinéma, celui qui fait rêver, celui capable de nous mettre à terre.



Jeux vidéo



5) Shadow of the Colossus
Réalisé par la Team Ico

En seulement deux jeux, la Team Ico a réussi à conquérir bien des cœurs. Shadow of the Colossus est un jeu autre, qui ne souffre d'aucune concurrence dans le milieu. Visuellement et techniquement, il est unique. L'aventure nous mène au sein d'une terre hostile et abandonnée, les quelques ruines croisées ici et là se retrouvant noyées sous la flore envahissante. Forêt, lac, plaines, désert et vestiges donnent vie à un monde mélancolique mais magnifique. L'exploration n'est pas la seule composante du jeu, le principal attrait venant des colosses. En effet, Shadow of the Colossus met le joueur dans des situations perdues d'avance: seul ou à cheval, le héros de cette aventure doit faire choir de gigantesques créatures, hautes de plusieurs dizaines de mètres pour la plupart. C'est un jeu épique qui propose une ambiance et des sensations croisées nulle part ailleurs. La solitude et le désespoir se mêlent à l'accomplissement et la bravoure, dans un mélange étonnant mais qui arrive à faire sens par rapport aux thèmes abordés par le jeu. Pour son ambiance, son scénario tout en non-dits et les combats surréalistes qu'il propose, Shadow of the Colossus est une perle, une preuve que le média jeu vidéo offre des sensations impossibles à trouver ailleurs.




4) Ace Attorney: Phoenix Wright - Trials and Tribulations
Réalisé par Capcom

Ace Attorney est une saga malheureusement peu vendeuse en France, la licence étant purement et simplement annulée sur nos terres, c'est vers l'import et les traductions de fans qu'il faut se tourner pour profiter de cette série. Simulation d'avocat prenant place dans un Japon fictif, Ace Attorney comporte plusieurs épisodes qui ne se suivent pas forcément. Trials and Tribulations est l'épisode qui vient conclure la trilogie consacrée au dénommé Phoenix Wright. Ainsi, grâce à deux opus parus avant lui, le jeu possède déjà un univers développé et des personnages connus du joueurs, ce qui permet l'élaboration d'un scénario articulé autour du background du jeu. Des éléments instaurés dès le premier épisode sont ici usités à la perfection, tandis que les affaires auxquelles sont confrontés nos personnages recèlent de surprises et de révélations éblouissantes. Véritable chef-d'oeuvre de narration, le jeu aborde une multitude de thématiques, tout en dévoilant petit à petit son histoire, passionnante à découvrir. Un humour irrésistible et une bande-son proche de la perfection achèvent de classer le soft dans le podium des aventures les plus exaltantes qui soit.



3) Persona 4: Golden
Réalisé par Atlus

Persona est une série dérivée de la saga Shin Megami Tensei, des jeux de rôles mâtinés d'apocalypse, d'occultisme et de démonologie. Si la série mère aborde plutôt la frontière qui existe entre l'ordre et le chaos, Persona s'attarde sur la psychologie et la psyché humaine. Golden est une version améliorée du quatrième épisode, un épisode qui reprend avec malice un système de jeu hérité du troisième opus. Le jeu met en scène une enquête, menée avec ferveur par de jeunes lycéens, durant toute une année. Bien entendu, les tenants et aboutissants ne seront pas évidents, et le scénario entreprend rapidement un virage mystique. Il incombe au joueur de mener son enquête, sans jamais délaisser sa vie privée, c'est-à-dire sa réussite scolaire, les liens qu'il tisse avec ses camarades de classe et ami, ainsi que ses activités extra-scolaires. En ce sens, chacun abordera sa partie de manière différente, soit en mettant l'accent sur l'enquête, l'exploration et les combat, soit en se penchant sur ses études, ou bien encore en tentant de devenir le plus populaire possible. De la forme, très moderne et esthétisante, au fond (étude des comportements sociaux, mais aussi de la découverte de soi), Persona 4: Golden est un véritable dévore-temps, via une durée de vie exceptionnelle, et des possibilités quasi infinies.




2) The Legend of Zelda: Link's Awakening DX
Réalisé par Nintendo

EarthBound (Mother 2)
Réalisé par APE et Hal Laboratory

Kingdom Hearts II
Réalisé par Square Enix

Trois ex aequo pour la seconde place. Link's Awakening est un épisode totalement atypique dans la série The Legend of Zelda, un épisode qui propose une ambiance éloignée de que la série utilise d'habitude. Le jeu nous propose de visiter un monde mélancolique et surréaliste, dont on ne sait pas vraiment s'il est bien réel ou pas. Les idées de gameplay fourmillent, tandis que les personnages rencontrés sont totalement incroyables. La conclusion douce amère du jeu enfonce le clou, en proposant un épilogue fort, servi par une musique inoubliable.
De son côté, EarthBound est un jeu de rôle qui ose et se moque de lui-même. Les développeurs portent un regard amusé sur les codes propres au genre, sans oublier de réaliser un vrai jeu vidéo, nourri par un système de gestion et de combat désarmant d'efficacité. Le soft propose une aventure initiatique riche en situations marquantes, sans jamais oublier d'aller toujours plus loin dans la réflexion concernant le média.
Enfin, Kingdom Hearts II, second opus de la saga qui croise les univers de Final Fantasy à ceux de Walt Disney, s'approche dangereusement de la perfection. Le jeu ne propose rien de moins que de revivre, voire de participer, aux grands classiques d'animation qui ont bercé notre enfance, tout en développant une mythologie passionnante à découvrir. Les phases de jeu, diverses, proposent un peu d'évasion entre les joutes démentes qui parsèment l'aventure. Ajoutons à ceci une animation irréprochable, un gameplay poussé et complet, ainsi qu'une bande-son mythique, et nous obtenons un action-RPG absolument incroyable.



1) Final Fantasy VIII
Réalisé par Squaresoft

Aucune objectivité dans les lignes qui vont suivre. Final Fantasy VIII, outre être un excellent jeu de rôle, est aussi une oeuvre d'une profondeur insondable, un jeu vidéo en avance sur son temps. Bénéficiant d'une direction artistique éblouissante, mélange de science-fiction et de fantasy, chaque détail visuel du jeu bénéficie d'un souci du détail épatant. L'architecture, par exemple, emprunte des directions surprenantes, chaque ville, chaque continent possédant son propre style. Un travail colossal a aussi été effectué sur le character design, donnant vie à des personnages originaux et travaillés. Si le couple principal de l'histoire est clairement mis en avant, tout le développement narratif suit une logique imperturbable, qui s'alimente d'une pléthore de thématiques universelles. L'orientation du scénario, habile croisement entre dérives scientifiques et envolées mystiques, n'oublie jamais de mettre les personnages en avant. L'ensemble est transcendé par une bande sonore fabuleuse, qui délivre avec une rigueur exceptionnelle des compositions sidérantes de beauté. Véritable fable sur le passage de l'enfance à l'âge adulte, sublimée par un système de jeu d'une richesse absolue, Final Fantasy VIII incarne l'aboutissement du jeu vidéo, profitant avec aisance de tout ce que ce média a à nous offrir.



Séries



5) How I met your Mother
Créé par Carter Bays et Craig Thomas

On dit qu'il est plus facile de faire pleurer que de faire rire. C'est certainement vrai, et c'est d'ailleurs tout autant difficile d'écrire au sujet d'une oeuvre humoristique. How I met your Mother est souvent décrit comme le Friends des années 2000. C'est en partie vrai, en partie seulement. A la série suscitée, How I met emprunte un groupe d'amis hétéroclite qui a pour habitude de se réunir au bar local, tandis que le spectateur suit les mésaventures qui rythment leur quotidien. Seulement, un peu à la manière de Grey's Anatomy, chaque épisode se présente comme une fable contemporaine et se conclue par une sorte de bilan ou de recommandation. Ces conclusions concernent la plupart du temps les aléas de la vie et, même si elles restent plutôt basiques, ces lignes de dialogue sonnent toujours juste. La série ne s'articule pas seulement autour d'un humour affûté, elle sait se montrer touchante voire tragique, tandis que les relations entre les personnages ne sont jamais figées. Au sujet de l'humour, il joue beaucoup sur le comique de situation, mais aussi sur l'absurde, avec quelques événements complètements surréalistes. Le défilé de personnages permet aussi un renouvellement salvateur. Cependant, et contrairement à ce que suggère le titre, la série ne raconte pas vraiment comment le personnage principal rencontre la mère de ses enfants, il s'agit plutôt d'un fil diffus qui s'étale sur neuf saisons, ce qui laisse le temps au spectateur de découvrir le parcours de quatre personnages écrits avec justesse, un parcours agrémenté de tendresse et de fous rires.



4) The Shield
Créé par Shawn Ryan

Cette série, en sept saisons, dynamite littéralement les codes de la série policière traditionnelle dont nos écrans sont abreuvés depuis des années. The Shield renverse les codes établis avec une aisance folle, afin de proposer un show unique et à l'efficacité redoutable. Ici, pas d'enquêteur surdoué à l'oeuvre, seulement la Strike Team, une équipe de policiers qui ne recule devant rien pour faire tomber les pourris. Coups bas et coups de poings sont le quotidien de cette bande, une attitude qui va leur permettre des résultats exceptionnels, mais aussi les exposer à un danger permanent. Une fois l'intrigue générale et les personnages installés, chaque épisode ne fera qu'illustrer un peu plus la descente aux enfers des protagonistes, qui ne règlent leurs problèmes qu'en s'en créant de nouveaux, pires encore. Pour illustrer cette spirale infernale, la réalisation adopte des airs de documentaire, via sa caméra portée à l'épaule, comme si chaque scène était prise sur le vif. La série s'emploie de plus à décrire le quotidien des personnages principaux du commissariat, ainsi que leurs enquêtes plus traditionnelles. Bien sûr, conflits, alliances et trahisons seront au rendez-vous. Enfin, The Shield dépeint un univers réaliste et aborde de nombreux problèmes actuels, qu'ils soient sociaux, criminels ou politiques, sous un angle toujours direct et cru.



3) The X-Files
Créé par Chris Carter

The X-Files, ce n'est pas seulement une histoire de chasses aux extra-terrestres, de conspirations et de monstre de la semaine, non, c'est bien plus que ça. Cette série est le mètre étalon de toutes celles qui ont suivi, la construction même de The X-Files a complètement changé la façon de penser des créateurs et scénaristes. Chaque saison s'engage à développer une intrigue générale et à détailler les règles qui régissent cet univers, via des épisodes dits mythologiques, tandis que des enquêtes sans lien avec la trame principale viennent investir le quotidien des deux personnages principaux: Fox Mulder et Dana Scully, agents du FBI affectés à un service bien particulier, le bureau des affaires classées X, c'est-à-dire non résolues. Véritable fresque déstructurée, où le spectateur doit assembler les pièces lui-même, The X-Files dessine un univers noir au coeur duquel règne la paranoïa. Les acquis sont sans cesse remis en questions, les évidences volent en éclats, les vestes se retournent et les coups de théâtre viennent rythmer une intrigue déjà loin d'être chiche en mystères. Nourrie par des personnages attachants, et confrontant sans cesse le rationnel à l'irrationnel, The X-Files exploite avec brio les possibilités offertes par le média afin de proposer une intrigue haletante bercée par des thématiques fascinantes.



2) Buffy, the vampire slayer
Créé par Joss Whedon

Buffy contre les Vampires, c'est sept saisons cohérentes, maîtrisées de bout en bout, d'un ludisme et d'une profondeur incroyables. Joss Whedon a créé un univers bouillonnant, qui délivre de nouvelles clés à chaque vision. La série aborde des sujets humains sous l'angle du fantastique, et sans jamais porter de regard moralisateur sur les personnages qui peuplent la ville de Sunnydale. Chacun des épisode a un sens, et tous sont construits de manière à illustrer les interrogations qui animent les protagonistes. De manière plus large, les saisons développent des thèmes face auxquels nous sommes tous confrontés au cours de notre vie, et en apportant toujours plusieurs variations aux développements de ces thématiques. Enfin, la série possède une ambiance unique, grâce à un humour qui fait toujours mouche et des scripts qui se permettent quelques facéties rafraîchissantes au cours de ces sept saisons qui versent peu à peu dans le glauque et le désespoir. Certains épisodes sont d'ailleurs cultes, et étudiés au sein de plusieurs universités américaines (comme par exemple l'épisode consacré au deuil, sans musique ni accompagnement sonore, ou encore l'épisode sous forme de comédie musicale). Buffy contre les Vampires, ou comment sonder notre âme au travers d'un univers hanté par la magie et le fantastique.



1) Doctor Who
Créé par Sydney Newman et Donald Wilson (1963)
Créé par Russell T. Davies (2005)

Ou ce qui est arrivé de mieux à la télévision. Depuis plus de cinquante ans, Doctor Who s'amuse à repousser les limites de l'imagination, en proposant des aventures variées et réfléchies, au cours desquelles les limites de l'espace et du temps volent en éclats. Des dinosaures dans un vaisseau spatial, des paradoxes temporels, des créatures sous forme de statues angéliques qui ne peuvent se mouvoir que lorsque personne ne les observe, voilà ce que vous croiserez si vous voyagez aux côtés du Docteur. Grâce à une base scénaristique intelligente, la série peut se permettre une renaissance permanente sans jamais risquer de lasser son public. Le personnage principal lui-même est sujet à l'évolution, via sa nature de Seigneur du Temps, ce qui justifie le changement d'acteurs et d'intrigues. De plus, Doctor Who propose des scripts ingénieux mêlant avec brio science-fiction, exotisme et humour britannique improbable. Cette base scénaristique permet d'aborder des périodes historiques variées ou d'explorer des mondes imaginaires atypiques, tout en tissant peu à peu la fresque d'un univers immense, peuplé de créatures récurrentes, qui font désormais partie de la mythologie propre à la série. Le renouvellement, la surprise et l'aventure sont les maîtres mots de Doctor Who, une ligne directrice qui permet de repousser infiniment les limites de la narration.



Romans



5) Harry Potter
Ecrit par J.K. Rowling

Je n'ai pas échappé au raz-de-marée Harry Potter. Les films, très agréables hormis le sixième opus, m'ont très vite convaincu d'attaquer les romans, que je croyais naïvement destinés au seul jeune public. La saga Harry Potter, c'est une histoire solide, pensée pour sept tomes foisonnants de détails et donc de crédibilité. L'épopée ne se contente pas de mêler une imagination débordante à des péripéties palpitantes, elle raconte aussi les doutes liés à l'enfance, puis à l'adolescence et enfin au monde des adultes. C'est une aventure bourrée à ras-bord de symbolisme, une histoire qui se construit autour de l'Histoire. La narration, d'une fluidité exemplaire, révèle un monde d'une rigueur et d'une cohérence extrême, un monde habité par des personnages marquants, qui ont quelque chose à raconter. Du choix des animaux totems auxquels s'identifieront les protagonistes, jusqu'au bois utilisé pour la conception des différentes baguettes magiques ou encore l'enchevêtrement des événements, tout fait sens dans Harry Potter. L'auteur ne prend jamais son lectorat pour ce qu'il n'est pas, derrière l'évidence du déroulement de la saga se dissimulent des messages et des métaphores d'une pertinence effrayante. Je plains seulement ceux qui, par préjugé ou que sais-je d'autre, passeront à côté de ce diamant littéraire.



4) L'Échiquier du Mal
Ecrit par Dan Simmons

Dan Simmons a de grandes réussites à son actif. Parmi ses pièces maîtresses, il y a Terreur, un roman historique tétanisant, Le Chant de Kali, une enquête morbide et malsaine ou encore Hypérion, véritable space-opera grandiloquent et apocalyptique. Loin au dessus de ces écrits d'une qualité déjà immense, il y a L'Échiquier du Mal. Dans le creux des pages de ce récit maléfique, il est question de génocide, de conspiration et de souffrances. Il y a ceux qui ont le Talent, qui peuvent contrôler l'humanité à leur guise, s'immiscer dans les moindres recoins de l'esprit humain. Ces abominations sont responsables des plus grandes tragédies historiques. Mais quelqu'un va s'opposer à eux, Saul Laski, psychiatre juif et polonais. De manipulations en révélations, Saul et ses amis vont défier le cancer de ce monde, le Mal de cette planète. L'écriture de Dan Simmons est incroyable de réalisme, l'auteur ne prenant aucune pince lorsqu'il s'agit de décrire la cruauté de l'ennemi. Bien que ces moments soient rares, ils marquent durablement le lecteur, qui ne peut alors s'empêcher de stresser aux côtés de Saul. L'enquête mènera les protagonistes des États-Unis au Mexique, en passant par Israël, tandis que les différentes intrigues s'emboîtent à mesure que les chapitres s'écoulent. Mystère, retournements de situations et réflexions sont dosés à la perfection, avant d'aboutir à un dernier acte passionnant et terrifiant. Les mots n'ont jamais aussi bien défini le Mal qu'au cours de cette épouvantable partie d'échecs.



3) Kafka sur le Rivage
Ecrit par Haruki Murakami

Il est difficile de parler de l'oeuvre de Haruki Murakami à quelqu'un qui n'a jamais lu l'un de ses travaux. Aussi, je vais m'adresser aux chanceux qui ont déjà voyagé aux côtés de l'écrivain, tandis que ceux qui sont restés à quai devront faire travailler leur imagination pour tenter de ressentir ce que je vais évoquer. Murakami a cette faculté incroyable de perturber le contemporain de manière imperceptible, à l'aide d'une phrase, voire d'un simple mot qui, employé au moment adéquat, parvient à séparer le banal de l'étrange. Il érige ce voile cotonneux qui absorbe la réalité et déploie le rêve avec une aisance irrévérencieuse. Son phrasé est d'une simplicité extraordinaire, celle qui arrive à toucher au bon endroit, quand il faut. C'est cette maîtrise de l'évidence des mots qui permet à l'auteur de mieux chambouler le classique, de faire voler le réel en éclats, et de peu à peu explorer les méandres d'un monde dont l'existence même relève de l'incertitude. Il y a de la philosophie zen dans Kafka sur le Rivage, il y a de l'étrange et du magique, il y a une rupture entre le palpable et l'indicible. C'est pour toutes ces raisons, et bien d'autres encore, des raisons pour lesquelles les mots ne signifient rien, que ce roman est une merveille absolue.



2) La Tour Sombre
Ecrit par Stephen King

Le King a, au fil des ans, réussi à créé son propre univers cauchemardesque, son système solaire de l'horreur, son cosmos terrifiant. Si les oeuvres du maître peuvent se lire indépendamment les unes des autres, Stephen King a injecté un mal absolu au sein de ses pages. C'est le même mal qui arpente une Terre désolée dans The Stand (Le Fléau sur nos terres), qui foule les pages de Simetierre et que le lecteur croisera dans la saga de La Tour Sombre, fantastique épopée étalée sur huit tomes, et trente ans de rédaction. Tandis que le premier volume prend place dans un monde dévasté, sorte de western post-apocalyptique, l'auteur va bien vite orienter son récit vers des envolées métaphysiques passionnantes, sans oublier de lier intimement la narration et l'imaginaire, au monde réel. Les personnages de La Tour Sombre brisent les barrières, naviguent de dimension en dimension, et rencontrent l'auteur lui-même. Mettant en place un mythologie qui lui est propre, sans atteindre la précision maniaque d'un Tolkien sur Le Seigneur des Anneaux, Stephen King érige ici un monde au bord du désespoir, dont le lecteur reste l'acteur central. En ce sens, le final de la saga reste l'un des plus marquants de la littérature contemporaine, étant donné que c'est sur les épaules du lecteur que repose le destin du personnage principal. Incroyable.



1) La Horde du Contrevent
Ecrit par Alain Damasio

Il m'arrive de relire La Horde du Contrevent, lorsque je commence à oublier l'univers qui vit entre ses pages. Livre-Monde éblouissant de maîtrise, servi par une narration virtuose, animé par des personnages aussi réels qu'ils puissent l'être, le chef-d'oeuvre d'Alain Damasio reste inégalé à mes yeux. Ludique, il l'est assurément, via la multitude de protagonistes qui s'expriment à tour de rôle, représentés par divers symboles placés en début de paragraphes. Exotique, il l'est aussi, à travers un monde régi par des règles que le lecteur apprend à découvrir au fil des mots, un monde peuplé d'une faune et d'une flore enchanteresses, mais cruelles. En plus d'être un exceptionnel roman d'aventure, La Horde du Contrevent incarne les prodiges d'un maître des phrases. Certains chapitres s'articulent autour de la maestria avec laquelle les mots peuvent vivre et danser ensemble. Pourtant, derrière cette leçon littéraire, se dissimule une immensité de variations: humour, conte philosophique, suspense, autant de genres qui se rencontrent, se chevauchent mais jamais ne s'affrontent. La Horde du Contrevent, un voyage au-delà des mots.



Comics



5) Planetary
Créé par Warren Ellis et John Cassaday

Loin des comics de super-héros dont nous abreuvent les éditeurs, Planetary s'impose comme une véritable bouffée d'air frais. Mystères et aventures rythment les pages de ce récit original, porté par trois personnages charismatiques. Planetary, c'est un groupe d'archéologues d'un nouveau genre, confrontés à toutes sortes d'étrangetés. Fantômes policiers, mondes lointains, dinosaures, voici quelques exemples des bizarreries que vont devoir démêler les trois héros de la série. Elijah Snow, gaillard amnésique tout de blanc vêtu, est le personnage principal de cette saga épique. Si les premiers chapitres sont indépendants, la narration mettre en place une intrigue prenante ayant pour but de découvrir les secrets de Planetary. Une histoire très solide à lire et relire.



4) Fear Agent
Écrit par Rick Remender

Rick Remender est issu de cette nouvelle génération de scénariste, aptes à chambouler les attentes du lecteur, de manière à faire en sorte que ce dernier participe activement à la lecture d'une histoire. Fear Agent s'inscrit comme un hommage pulp à l'aventure, avec toutes les déviances scénaristiques possibles que cela implique, la seule limite étant l'esprit bouillonnant de l'auteur. Voyages temporels, fantômes, cyborgs, western, humour et tragédie, autant d'éléments qui se mêlent et s'entremêlent, et font de Fear Agent l'Aventure, avec un A majuscule, la plus palpitante jamais proposée dans un comic book américain.



3) Promethea
Écrit par Alan Moore

Promethea est un livre plutôt méconnu, surtout en France, effacé par d'autres mastodontes de son auteur tels que Watchmen ou La Ligue des Gentlemen Extraordinaires. Et pourtant, Promethea est à mes yeux bien plus profond que les autres travaux du scénariste. Véritable ode à l'imagination, multipliant les intrigues, les personnages, les mondes et les époques, le récit est de plus illustré par le dessinateur le plus doué de l'industrie du comics: J.H. Williams III. L'artiste adapte son style selon les chapitres et les histoires d'Alan Moore, il en résulte des planches absolument magnifiques, au service d'une histoire particulièrement prenante et intéressante. Le tout dernier numéro de Promethea est d'ailleurs composé de plusieurs peintures qui, une fois découpées et assemblées les unes aux autres, forment une immense toile réellement splendide. Mise en abyme conceptuelle, aventure intense aux ramifications surprenantes, Promethea incarne le chef-d'oeuvre absolu de son auteur.



2) Doom Patrol
Écrit par Grant Morrison

Tromper le lecteur, user du symbolisme, briser le quatrième mur, voici les obsessions du scénariste Grant Morrison. Depuis son travail sur Animal Man, et sa conclusion dantesque durant laquelle le personnage principal pouvait voir et parler au lecteur, le scénariste n'a de cesse d'explorer les possibilités offertes par le média. Si nous attendons son prochain travail, mûri depuis plusieurs années, à paraître durant l'été 2014 (intitulé The Multiversity), les projets précédents de l'auteur font encore l'objet d'études approfondies au sein de plusieurs cercles d'initiés. Grant Morrison a étudié les limites d'un personnage comme Batman et ses 75 ans d'existence, il a écrit un pamphlet anarchique et punk incontournable, Les Invisibles, et s'est amusé avec le système d'édition du comics américain à travers son incroyable série Seven Soldiers of Victory. Mais ce qui nous intéresse ici, c'est l'incroyable saga consacrée à la Doom Patrol, une équipe de freaks aussi étrange qu'attachante, confrontée à des menaces surréalistes et omnipotentes capables de remodeler la réalité elle-même. Mille idées par chapitre, développements inattendus et thématiques multiples sont le coeur de Doom Patrol, 1200 pages qui se redécouvrent totalement à chaque lecture. Et puis, comment résister à Danny la Rue, un personnage atypique: une rue vivante, voyageant de ville en ville et s'intercalant entre les différentes artères urbaines ? Doom Patrol, c'est des idées comme celles-ci à chaque page.



1) Sandman
Écrit par Neil Gaiman

Imaginez que la totalité des personnages de mythologies, de contes et légendes, existe bel et bien, et qu'elle soit réunie sous la plume éthérée de Neil Gaiman. Imaginez des êtres éternels, qui ne sont pas des dieux, mais des incarnations personnifiées de concepts et sentiments, tels que le rêve, le désir ou la folie. Imaginez, enfin, que tous ces personnages vivent et se côtoient, au coeur d'un maelstrom d'intrigues étalées dans le temps et l'espace. C'est ce que nous propose Gaiman, en écrivant l'histoire de Dream, un Infini en proie au doute concernant sa propre nature, son but, son existence même. Et avec lui, la découverte du monde, d'une humanité qui se cherche elle-aussi. Dans l'ombre, les fils d'un complot se tissent, mais l'auteur distille son intrigue avec parcimonie, préférant s'accorder des envolées narratives d'une réussite totale. A ses côtés, nous explorons les légendes du monde entier, la folie des hommes, ou encore les songes de nos amis félins. Le récit se délie comme un big-bang, s'étirant de tous les côtés, pour finalement créer un univers fragile, dont l'épicentre restent les errances mélancoliques de Dream.


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